Ému

Dans un article précédent, je citais Gilles Caron comme déclencheur de ma passion pour la photo quand j’étais gamin.

Tu connais Gilles Caron?

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Si, tu le connais. Tout du moins tu as sûrement en mémoire une photo de lui. Non?
Et celle-là? Non plus?

Il était photographe à l’agence Gamma. Il a couvert pas mal de conflits sur la planète, et mai 68. Né en 39, mort, enfin disparu en 70, au Cambodge.  30 ans, et… 30000 photos! La fondation Gilles Caron gère ce fond, inestimable, tant par les sujets que par la qualité des images. Il avait le sens inné du cadrage. Il sentait où se placer, il flairait où aller pour ramener des images fortes; des témoignages. J’avais donc 9 ans quand il a disparu. À cette époque, c’était sûrement le dernier de mes soucis. Puis vint la découverte de la photo. La boite genre « le petit chimiste » avec un appareil photo à fabriquer. L’intérêt GilesCarongrandissant pour ce média extraordinaire m’a fait regarder de plus près les revues qui trainaient sur la table du salon. Je suis tombé sur des images de mai 68, faites par Caron. Je ne te dirai pas ce qui m’a plu. Le sujet, la qualité des images, la vie palpitante que ce gars GilesCaron et Henri Bureaudevait avoir à plonger au coeur de la mêlée pour en extraire des photos… Peut-être tout ça à la fois… Quoiqu’il en soit, ce fût un déclencheur. J’ai commencé à photographier et squatter régulièrement la salle de bain de la maison pour développer et tirer mes photos!
Quand je serai grand, je ferai comme Gilles Caron! D’ailleurs, je n’ai pas attendu. Dès le lycée, j’étais de toutes (ou presque) les manifs pour faire des photos. Caron dans la tête…
Je te joins des images que j’ai faites, dans les années 70. J’ai numérisé il y a quelques temps deux trois négatifs retrouvés par hasard. Il faudrait que je retrouve le reste. Certaines valent le coup.
Ci-dessous, tu verras Bernard Lavilliers. À la maison des sports de Clermont-Ferrand. Si tu regardes bien les photos, tu comprendras que j’étais à la même hauteur que lui. J’étais sur la scène! Même que sur une, il me regarde! Je ne sais comment j’ai fait, je ne me souviens plus! Comment la sécurité n’a pas dégagé manu-militari ce morveux! Mais toujours est-il que j’étais sur la scène  EN-TRE-LES-BA-FFLES. Je n’avais pas froid aux yeux à l’époque… Tous les potes du bahut qui étaient au concert m’ont vu. Je te dis pas le succès le lendemain au garage à vélo!
Les deux autres photos ont été faites à l’occasion d’une manifestation des paysans du Larzac qui montaient à Paris à pieds. Il y avait Aguigui Mouna. Un Anar parisien bien connu des manifs à l’époque…

Je me souviens d’une que j’ai faite dans un défilé à l’occasion de la venue de Giscard à Clermont. Il était aux finances, je crois bien, à l’époque. J’ai des CRS courant matraque en l’air derrière des manifestants, avec au-dessus d’eux, sur le mur d’un immeuble, une publicité 4×3 « C’est déjà Noël chez Lévitan« ! Si je la retrouve, je la scanne et te la montre sur le blog!

J’avais dans les 15-16 ans. Et un Praktica nova IB.

Puis la vie m’a fait passer  le rêve de faire « mon Caron » . Mais ce qui est certain, c’est que depuis cette époque, depuis ce magazine tombé par hasard entre mes mains, la photo est mon langage.

Photographier tout ce qui bouge. Ou pas… avec Gilles Caron toujours présent dans un coin de mon cerveau.

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